Après le Concordat (1801), la réforme des diocèses attribue à Joch le titre de succursale au détriment de Finestret, lequel, pourtant plus peuplé, se retrouve donc sans curé attitré.

Joseph Patau, maire de Finestret, s’indigne de cette situation.

En 1826, il écrit :

« La succursale actuelle de Joch comprend les communes de Joch, Finestret, Rigarda et Glorianes, c’est-à-dire une population de quinze cents individus dont sept cents appartiennent déjà à la commune de Finestret et seulement trois cents à Joch.

Le village de Finestret est ancien, son église date du dixième siècle et celle-ci fut pendant neuf cents ans le chef-lieu de la division ecclésiastique des terroirs environnants.

La petite commune de Joch n’était d’abord qu’une commanderie de templiers, plus tard un fief et chef-lieu de baronnie et de vicomté de la famille aragonaise des Comtes d’Aranda et sa chapelle reconstruite fort tard pour la seule population que le château avait attirée dans son voisinage, ne fut jusques vers le milieu du dix-huitième siècle qu’une chapelle dépendante de Sainte Colombe de Finestret. 

Lors de la nouvelle circonscription ecclésiastique, des intrigues privées firent passer le chef-lieu de la nouvelle succursale de Finestret à Joch, c’est-à-dire d’un lieu qui avait conservé son presbytère, son constant respect pour le culte dans un autre lieu qui avait vendu son presbytère, souillé sa chapelle et refusé pendant un temps l’assistance fixe d’un prêtre.

Parmi ces propos pour la plupart historiquement infondés et uniquement destinés à tenter de discréditer Joch, il est cependant intéressant de noter qu’il est question d’une ancienne commanderie de Templiers et, sur ce point-là au moins, le maire de Finestret n’a pas tort.

En effet, en 1182, on trouve mention d’une commanderie appartenant à l’ordre du Temple située près du château de Joch (juxta castrum) sur le chemin conduisant à Finestret.

Quand les Templiers furent exterminés (début du XIVe), les nombreux biens qu’ils détenaient à Joch et dans toute la baronnie furent confisqués et donnés aux Hospitaliers de Bajoles.

Il est donc fort probable que les Templiers puis leurs successeurs les Hospitaliers aient possédé à Joch, non pas une commanderie mais au moins une bâtisse fortifiée destinée à conserver les grains, engranger les récoltes de leurs terres et éventuellement protéger les paysans qui les travaillaient.

Or, il existe bien à Joch une maison forte située non loin du château en direction de Finestret.

Mais où est donc cette maison fortifiée ?

Nous savons qu’au XVe siècle l’une des familles les plus aisées de Joch porte le nom de Salvetat.

Attardons-nous un peu sur l’origine du nom Salvetat : un toponyme bien précis qui indique toujours un lieu placé sous une protection ecclésiastique et par extension le nom de la famille occupant ce lieu.

Il est donc plus que probable que les Salvetat résidaient dans la maison forte ayant appartenu autrefois aux Templiers puis aux Hospitaliers.

De plus, le capbreu registre terrier que Bernat de Perapertusa, seigneur de Joch, fait établir en 1466 nous indique avec précision où habitent les Salvetat.

Antoni Salvetat déclare, en effet, posséder une maison als barris c’est-à-dire un peu à l’extérieur du village proprement dit.

On apprend que sa demeure s’élève entre la voie via publica qui conduit à Finestret et le ruisseau rec del pla, Antoni Salvetat possède aussi le côteau qui, jouxtant sa maison, s’étend du ruisseau jusqu’au chemin qui mène à Baillestavy.

Pour qui connaît Joch, il ne peut y avoir aucun doute : la demeure des Salvetat est bien l’actuelle mairie du village.

Promenez-vous carrer major et regardez bien maintenant notre imposante mairie. Bien que maintes fois transformée puis restaurée on peut encore y voir, dans sa partie basse, deux meurtrières en parfait état.

la rectoria de nos jours

Comme nous l’avons déjà dit, les Salvetat étaient une famille prospère, ils possédaient des terres, les cultivaient. Leurs fils étaient instruits, certains devinrent religieux de l’abbaye de Serrabona, simples prêtres ou prieurs, tels Frère Bérenger Salvetat, prévôt de l’église Saint Martin de Joch en 1467 ou Joan Branchat Salvetat, prieur de Serrabona mentionné en 1523 et 1537. Un autre devint notaire. Il s’agit de l’un des fils d’Antoni Salvetat, Branchat Salvetat qui en 1544 est notaire al pont d’en Vestit à Perpignan. 

Précisons aussi, qu’en contre bas du chemin menant du château de Joch jusqu’à Finestret et donc aux pieds de cette bâtisse qui pouvait offrir protection, s’était développé un petit noyau d’habitations. L’une de ces demeures appartenant à Miquel Mauri, mystérieusement disparu, sera acquise et partagée en 1592 par les familles Sabater et Ventalo.

En 1591, Joan Salvetat lègue tous ses biens à son petit-fils Antoni Navarra, fils d’Anna Salvetat et de son époux Miquel Navarra.

Avec Joan Salvetat s’éteint la famille Salvetat de Joch. Dès lors, les Navarra posséderont cette maison et y vivront durant tout le XVIIe siècle.

Le 13 avril 1611, Antoni Navarra dicte son testament. On y apprend que sa défunte épouse Violant lui a donné trois enfants dont un fils, Francesc, alors âgé de neuf ans …

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 Texte : Jean-Claude Graule

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